Selon le test de Fagerström, je ne présente qu’une dépendance faible à la nicotine, voir pas de dépendance du tout. Le sevrage devrait donc être chose facile, par le pouvoir de ma seule volonté (et du crâne ancestral ?) je devrais donc être capable de dire non à la cigarette et ne plus jamais y penser, jamais jamais jamais, donc ne jamais rechuter CFQD. Toutefois, chose étrange, à chaque fois que j’ai arrêté j’ai repris : le fameux test aurait-il omis quelques facteurs d’importance ?
Pourtant d’après un autre test : le test de l’Echelle Q-Mat, ma motivation de 19 points est excellente. D’ailleurs je n’en doute pas, je suis motivée, j’ai d’excellents ressorts de motivation en la concrétisation de certains projets de vie avec mon cher et tendre – ex fumeur depuis plus de 4 ans sans l’ombre d’une rechute.
Mais j’ai peur, la peur se combine en doute, cette petite voix insidieuse qui vient vous glisser quelques mots doux, et autant de souvenirs désagréables, autant d’échecs cuisants.
La première fois que j’ai voulu arrêter, j’étais pleine de cet optimisme débordant de ceux qui n’ont pas encore chuté. J’allais réussir du premier coup, sans souffrance ni manque, forcément. Le premier échec est aussi un camouflet pour votre ego, et votre confiance en vous se ratatine. Vous vous mettez à douter de vous en comprenant que vous êtes votre propre ennemi. La deuxième fois je me suis barricadée derrière ma volonté et mon caractère – ma force d’âme comme disait mon grand-père. Je les ai élevés comme des murailles, les ai renforcés d’acier galvanisé, si j’avais pu leur ajouter des tourelles et miradors psychiques, je l’aurais fait. Toute guerrière, toute cuirrassée je suis partie à l’assaut et en suis revenue perdante, blessée, lessivée… Je n’ai pas repensé à ce combat pendant de longues années. Peut-être avais-je baissé les bras ? Après il y a eu une longue série d’intermittences, de faux arrêts, de ralentis, de parenthèses de fraicheur juxtaposées à des poches d’excès en tous genres. Maudite addiction. J’ai même fini par oublier que j’avais voulu arrêter.
🙁
La trentaine bien installée, j’ai envie de tourner définitivement cette page. Cela ne me ressemble plus, ou pas tant que çà. C’est donc la trouille au ventre que je pars au combat, ce coup-ci je ne fanfaronne pas, j’ai dit au revoir à tout ça hier soir, je me prépare pour le premier assaut : le sevrage.
Pour être passée plusieurs fois au travers de cet enfer, je me suis préparée : attaquer un week-end pour avoir les 48 premières heures au calme, loin du stress du travail – bonne excuse n° 46 pour s’en griller une. J’ai du thé, des projets de couture, du rangement, des livres, un bain moussant, un chaton plâtré à veiller, un semi-remorque de films et série télé, des longueurs à la piscine demain matin, du squash et du badminton, et si je n’ai pas assez cavalé j’irais courir jusqu’à l’épuisement; Je vais me fermer chez moi, me claquemurer loin de toute vie sociale, festive, noctambule…enfumée. Car arrêter de fumer c’est s’isoler : pendant la phase de sevrage vaut mieux s’éloigner des autres, des habitudes et situations à risques. Amis et copines : vous ne me verrez donc plus pendant 2 ou 3 bonnes semaines.
Les 8 premiers jours de l’enfer toute vie sociale est impossible : c’est le temps de la dépendance physique. De la souffrance, de la nausée, de l’anxiété et des insomnies. Après je serais KO, cotonneuse pendant 2 ou 3 jours. Cela sera mon premier répit. Mais il sera de courte durée. Car tout de suite après commencera le vrai manque: le manque psychologique, celui qui vous conduit aux pires bassesses, le mal incarné. Et là, la bataille va être sanglante et longue : pendant des jours et des nuits qui dureront comme des éons il ne faudra pas lâcher un pouce du terrain conquis, résister, lutter, encore et encore. Après, au bout de cet enfer il y aura du calme à nouveau. Pour récupérer, et essayer de remettre le nez dehors.
Mais ça c’est encore loin, je viens juste de faire le premier pas sur le sentier de la guerre.
Crédits photos : Photos Libres
[…] pour ceux qui suivent mes aventures contre Dark Nicotine : j’ai commis un article sur « Le blog des filles qui ont arrété de fumer », allez le lire ! Soleil, chats et tricot […]
Bravo pour tant de lucidité,
comme quoi le fait que cela ne soit pas ta première tentative est en train de t’aider.
tu dégaines les bons réflexes, du moins ceux qui sont bons pour toi, parce que tu te connais bien !
Je suis comme toi, je pense qu’en effet, s’isoler un petit moment de sa vie sociale, et de ses habitudes peut apporter la concentration nécessaire pour le sevrage !
Après, il ne faut pas que ca dure trop longtemps c’est sur !
je t’envoie plein de courage, et suis verte de jalousie en lisant sur ton blog que tu as pris l’apéro dehors…à Lyon, il a neigé aujourd’hui. Et ca calme !
vraiment, quel talent et quel courage ! je suis en train de me motiver en ce moment, tout en continuant à fumer (un peu moins et parfois un peu plus…) et en lisant faisant les fameux tests qui eux aussi me disent que j’ai une faible dépendance…
je n’ai pas encore fixée de date pour mon arrêt définitif et je n’en parle pas trop en dehors de ce blog ; car j’ai peur, oui peur d’un nouvel échec (car j’ai aussi arrêté 2 fois et repris, moins pour à nouveau revenir à une consommation régulière). mais j’essaie de ne pas fumer la première cigarette, de faire des choses avant de la fumer et l’envie passe, puis revient. et je cède à nouveau…
merci pour ce beau texte plein de lucidité en effet ! plein d’encouragement d’une future ex-fumeuse
marmottte tu nous éblouis 🙂 Tiens bon, après la guerre de tranchées, la grande reconstruction 😉
oui ! je suis bien d’accord avec toi BlondieThunder, concernant marmotte !
voilà, j’ai décidé d’une date pour mon arrêt ! ce devrait être le 1er juin prochain ! ça me fait très peur ! ça y est, c’est dit…
Bravooooooooooo Agnés !!!!!!!! 🙂
Le 1er juin est une très belle date pour arrêter !
Toutes mes pensées positives t’accompagnent sur le sentier de la guerre, fourbis tes armes et taïau sus à l’ennemie !
Agnès,
voilà un message qui fait énormément plaisir ! Choisir une date, c’est le premier pas: et aujourd’hui, tu viens de franchir cette étape importante. Félicitations !
Tu te donnes le temps, c’est bien.
D’ici le 1er juin, cela te permettra de te préparer psychologiquement à l’arrêt.
C’est normal, cette peur, mais lorsque tu la ressens, rappelle toi ce que tu lis sur ce blog, tous les témoignages de ceux qui aujourd’hui se sentent libres, et plus forts.
Tu es tout à fait capable d’en découdre, je ne doute pas de toi, et pourtant, je ne te connais pas dans la “vraie vie”. J’ai suivi ta démarche, tes interventions, tes questionnements, j’ai vu ta motivation se construire et se renforcer.
Si tu as envie d’en partager un peu plus, en ecrivant toi aussi des articles, n’hésite pas à me laisser ton mail, via le formulaire en bas de page.
Merci pour ce commentaire,
et bravo encore pour ton courage !
Définir et communiquer sur la date, c’est le 1er engagement 🙂
Oui, bravo pour cet article si bien écrit. Le Duc en est pâle… Je vais devoir trouver une prose à la hauteur de ma frustration de futeur-ex-fumeur… En tout cas cette déclaration de guerre aura eut le mérite de … MOTIVER Le Duc ! Merci – Merci – Merci, je ne suis pas le seul.
Pour revenir sur le fond à plusieurs reprises, je me dis faible par rapport au tabac : faible dans la tête. Cette peur qui monte l’échine et se propage dans le corps qu’à l’orée d’une idée d’arrêter !!!
Mais cet article… cet article est une perle rare : A l’assaut !!
@Agnes : Le Duc aime le 1er juin 😉
GoGoGo Agnes ! GoGoGo Le Duc ! Si vous aimez le 1er juin, adoptez le 🙂
Allez, je retourne me terreau fond de mon trou et reviendrai pour un article à concurrencer la marmottte (c’est une grande histoire d’amour entre nous deux).
Pour moi ce sera un cadeau d’anniversaire 😉
On va dire que le 1er juin sera ma roue de secours !
Niveau concurrence la barre est haut-placée.
@TheDude: ahhhhhhhhhh c’est pour ça que tu aimes tant le 1er juin!
Et mais…Blondie a raison, tu veux pas adopter toi cette date pour arrêter?
Allez dit oui, et puis on lance une grande campagne pour trouver de nouveaux “arreteurs du 1er juin”, comme ca vous serez nombreux, ca aide !
@Blondie: j’ai tellement hâte de le lire cet article ! Je suis sure que ca va déchirer!
Non je vais tenter avant tout pour écrire un certain article à la mi-avril en cas de succès. Tout ça pour ça 🙂 (Faire partie d’une rédaction c’est trop classe 😀 )
Mais sinon, oui je retenterais si la 1ère tentative (qui sera en fait la 3è) s’avère infructueuse. Et là, oui on fera une campagne médiatique pour arrêter de fumer le 1er juin (dur dur pour l’appel du 18 pour le coup :P)
Houlala je pars en réunion 3h et quand je reviens moult commentaires ont fleuri sur mon post ! C’est le printemps les enfants 🙂
@Dude et Agnes : le 1er juin c’est très bien, ça fleure bon le soleil et le grand air frais, c’est vraiment une très jolie date pour arrêter. Blondie a raison “Essayez un 1er juin c’est l’adopter !”
@Blondie : aller ma blondinette bordelaise, ce n’est pas une chute qui va t’arrêter, ton caractère est bleu d’acier comme tes yeux, tu vas bientôt lui mettre sa raclée à Dark Nicotine ! Quand à me défier en duel de plume, enfin de traitement de texte : viendez-même-pas-peur-même-pas-mal 😉
Mouhahaha ! Marmottte tient le défi ? TheDude se risque à prendre date ? Blondie promets un truc ? Mesdames et Messieurs, le monde change 🙂 Serez-vous prêts ?
Attention, j’ai bien dit que le 1er juin sera ma roue de secours. Je tente tout bientôt… J’avais peur, mais maintenant j’ai plus peur pour mon article ^^